Au courant de l’ère néolithique, des éleveurs-agriculteurs occupèrent les hauteurs des reliefs. Plus tard, des tribus d’origine celtes et germaniques s’installèrent au pied du massif et se déplacèrent en suivant le tracé des pentes. Epargné par les crues de la Fecht et à l’abri des zones marécageuses, ce chemin permettait d’accéder au fond de la vallée, de traverser les Vosges et de rejoindre les voies de communication Nord-Sud situées dans la plaine et le long du Rhin.

Restes d’un Vicus Routier romain, gîte d’étape (photo Gilbert Bombenger)

Des périodes d’invasions, de migrations et de troubles succèdent à l’époque romaine. La christianisation progressive, l’ère carolingienne, apportent une relative stabilité permettant le développement des villes et villages. C’est à cette époque (786), dans une transaction de l’abbaye bénédictine de Murbach, qu’apparaît la dénomination de «Wingisheim» qui deviendra Wintzenheim. Le blason de Wintzenheim « de sinople à un lévrier rampant d’argent, accolé et bouclé d’or » ressemble, peut-être par hasard, étrangement à celui de Murbach…

Vitrail d’une fenêtre de la Salle du Conseil à l’Hôtel de Ville (photo Guy Frank)

Wintzenheim fait partie de l’Empire Romain Germanique. A partir du XIVème siècle, le morcellement territorial fait que l’Empire et la Maison d’Autriche exercent leurs droits seigneuriaux sur Wintzenheim et ses terres. La paroisse, dédiée à Saint Laurent (1302,) fait partie du diocèse de Bâle jusqu’à son rattachement au diocèse de Strasbourg en 1801. Une enceinte percée de trois portes garantit une certaine sécurité aux habitants, permet le contrôle des personnes et des biens, et la perception de droits divers.

Armoiries de l’abbaye de Remiremont (photo Gilbert Bombenger)

L’abbaye des Nobles Dames de Remiremont est également propriétaire, en particulier de vignes reçues en dotation dont elle tire des bénéfices.. Cette propriété, régie par des contrats de longue durée et une administration stricte, formait une cour domaniale ou « Dinghoff ». Les bâtiments dans lesquels les différents acteurs de cette cour se réunissaient, ont été vendus comme biens nationaux lors de la Révolution et ont disparu. Seul un médaillon enchâssé dans l’immeuble érigé à la place de l’ancienne cour rappelle ce passé. (Actuellement le pôle médical occupe le bâtiment).)

Les vestiges de deux châteaux témoignent de cette époque :

Le château du Hohlandsbourg : élevé au sommet du Hohlandsberg en 1279 par Siegfried von Gundolsheim, il changea très souvent de propriétaire. L’un des plus connu est incontestablement Lazare de Schwendi, capitaine de lansquenets au service de l’Empire. Il agrandit et renforce les défenses et les fortifications du château. Lieu de garnison, le château permettait une surveillance de la région à 360°, servait de prison aux condamnés et de lieu d’exécution. Détruit en 1633 par les Suédois, il fut rasé par les Français en 1635.

Le château du Hohlandsbourg (photo Guy Frank)

Le Pflixbourg : érigé vers la fin du XIIème siècle sur une éminence rocheuse, il sert de cantonnement de troupes permettant de tenir en respect d’éventuels envahisseurs en attente sur l’autre versant de la vallée. Au courant du XVème siècle, la famille de Hattstatt alliée aux Ferrette, entre en conflit avec les Ribeaupierre. Le château sera détruit vers 1440.

Le château du Pflixbourg (photo Guy Frank)

Du XIIIème date également la Thurnburg, aujourd’hui Hôtel de Ville de Wintzenheim, longtemps désignée par le terme de « château ».. Ses origines sont sans doute plus anciennes et pourraient, selon certaines sources, remonter à l’époque romaine. En 1246, elle était propriété l’Ordre des Chevaliers de St Jean qui avait une Commanderie à Colmar. Laissée à l’abandon au fil du temps, elle sera rachetée par la Commune en 1852. Remaniée et agrandie à maintes reprises, seules certaines parties du soubassement ont été conservées. Ce bâtiment, rappelle de par sa base imposante, une autre construction située dans le bas du village et actuellement occupée par la Poste.

L’hôtel de ville de Wintzenheim, ancienne Thurnburg (photo Guy Frank)

La population, est essentiellement rurale, vivant de l’agriculture vivrière et de la viticulture qui tient un rôle non négligeable. Si la majorité des habitants est catholique, une communauté juive, s’installe et se développe : constituée pour l’essentiel de petits commerçants, marchands et colporteurs, elle aura une synagogue (1726) et un cimetière (1795).

Synagogue de Wintzenheim (photo Guy Frank)

Suite aux Traités de Westphalie, l’Alsace intègre le Royaume de France ; le Conseil Souverain installé à Colmar représente la puissance royale.

A partir de 1793, Wintzenheim, qui compte 2019 habitants, devient chef-lieu de canton. Elle est le siège d’une justice de paix, d’une gendarmerie, d’un médecin cantonal, d’une perception, d’une pharmacie, d’un notariat…

 

Société d’Histoire de Wintzenheim

Historique : Marie-Claude Isner – Illustrations : Guy Frank et Gilbert Bombenger

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